Issue de la dernière technologie, l’imprimante à ADN de la Biotech DNA Script se lance dans la cour des grands. Il s’agit d’un appareil performant, capable de produire des vaccins à ARN messager. Un synthétiseur exceptionnel qui vient en aide aux sociétés pharmaceutiques à travers sa biotechnologie. D’ailleurs, cette dernière tient un rôle important depuis la crise sanitaire. Baptisée Syntax, l’imprimante à ADN est capable d’élaborer près de 96 fragments d’ADN en quelques heures seulement pour les laboratoires. Cela explique son succès auprès de plusieurs entreprises dans le domaine de la pharmaceutique, telles que Moderna et General Electric. Son but étant d’accélérer la commercialisation de sa plateforme grâce à la levée de 142 millions d’euros en série C.
En quoi consiste l’imprimante à ADN de la DNA Script ?
Afin d’étudier le génome d’un individu ou d’une tumeur, la recherche génomique exploite l’ADN. Il en va de même pour la biologie moléculaire. En vue de faciliter sa production, le DNA Script met au point une imprimante qui repose sur des enzymes naturelles. Dans ce cadre, la start-up lève 142 millions d’euros afin de lancer plus rapidement sa commercialisation.
En fait, le DNA Script offre la capacité d’imprimer de l’ADN, à n’importe structure médicale. « L’ADN sert à programmer les organismes biologiques. Nous voulions apporter une solution permettant aux chercheurs de contrôler le système » précise le président et co-fondateur de la start-up, Maddyness Thomas Ybert pour mieux expliquer le concept. Afin de synthétiser les séquences génétiques composant la fameuse molécule, l’imprimante se charge d’écrire « autant de lignes de code que l’on souhaite » rajoute le dirigeant. Contrairement à l’informatique, la Syntax vise à reproduire un objet physique.
Rapprocher la production du patient
Dès le lancement de l’entreprise, Thomas Yvert, Sylvain Gabriel et Xavier Godron ont cherché à développer une méthode de production d’ADN. Dans cette optique, les fondateurs de DNA Script souhaitaient concevoir un dispositif qui « ne nécessite pas de réactifs, souvent toxiques et inflammables ». D’où la création de cette technologie enzymatique utilisée pour leur imprimante à ADN. « Les enzymes sont des protéines dont l’action peut être comparée à des nanorobots, puisqu’elles sont à même de classer d’autres protéines dans un certain ordre. Cela permet d’encoder l’ADN. » Pour être plus précis, cette imprimante nouvelle génération vise à rapprocher la capacité de production du professionnel de santé, voire du patient.
« Dans le cadre de certaines thérapies cellulaires, il faut itérer : on imprime l’ADN, on essaie pour mesurer la réponse, on fait des ajustements, on réimprime et ainsi de suite » explique Thomas Ybert pour apporter plus de précision à la technologie de pointe, exploitée par cette machine.
Une imprimante enzymatique d’ADN
Rappelons que DNA Script est une jeune pousse française qui a été fondée en 2014 à Paris. À l’origine d’une technologie innovante de synthèse enzymatique d’ADN, l’imprimante est baptisée « Enzymatic DNA Synthésis » ou EDS. Pour aboutir à l’impression d’ADN, elle a été intégrée dans une sorte d’imprimante à ADN spécialement dédiée aux laboratoires. De cette façon, la Syntax est en mesure d’élaborer jusqu’à 96 fréquences d’ADN personnalisées en quelques heures. Pour ce faire, elle utilise des cartouches contenant des enzymes naturelles. Une telle avancée technologique est tout à fait exploitable dans la recherche en génomique comme dans la biologie moléculaire. En tout cas, ce mécanisme ingénieux est bien plus rapide que les méthodes classiques.
Comme nous l’avons évoqué plus haut, la machine ne requiert ni l’utilisation de solvants, ni d’un environnement contrôlé. Elle n’utilise donc pas les procédés de synthèse chimique commerciaux. En seulement 15 minutes, l’instrument de DNA Script est configurable, et ce, de façon automatisée. En plus de cela, elle peut être déployée au sein des laboratoires, offrant ainsi la possibilité de mieux contrôler et d’améliorer l’efficacité de leur productivité. Les entreprises pharmaceutiques pourront donc innover en ce sens, et gagner en rapidité dans la production des ADN.
Les partenaires potentiels de Syntax
Pour l’heure, la start-up n’a pas encore communiqué au sujet de son nombre de clients. Toutefois, il s’agit principalement de laboratoires privés « Ils ont besoin d’itérer rapidement dans le cadre de la mise au point des tests de dépistage, comme pour le cancer ou le covid-19. » Bien d’autres activités sont concernées, notamment les entreprises spécialisées dans le diagnostic génétique. Celles-ci y ont recours pour identifier les mutations et cibler le séquençage. Il peut s’agir des groupes pharmaceutiques pour développer de nouvelles molécules, des universités européennes et américaines dans le cadre des travaux académiques.
Compte tenu de son mode d’usage relatif à la production d’ADN, le Syntax s’avère utile dans le cadre d’un partenariat avec GE Research pour la division de R&D de General Electric. Elle servira alors à fabriquer des vaccins et des thérapies à base d’acides nucléiques. DNA Script a également envisagé un partenariat avec le laboratoire Moderna, qui est l’un des laboratoires à l’origine d’un vaccin contre le SARS-CoV-2. Une collaboration qui vise à concevoir un prototype d’unité mobile de fabrication rapide de produits thérapeutiques. D’ailleurs, il a signé un contrat avec la BioTech américaine Moderna, connue depuis sa mise sur le marché d’un vaccin à ARN contre le Covid-19.
« En oncologie, on imagine pouvoir individualiser un vaccin à partir des bases génétiques de chaque patient. D’où l’intérêt de disposer d’une imprimante à ADN au plus près du lieu où sont traités les patients, notamment les hôpitaux » souligne le co-fondateur de l’entreprise, Thomas Ybert.
Outre ces deux entreprises pharmaceutiques, la biotech a également séduit le ministère français des Armées afin de développer une technologie de détection rapide d’agents pathogènes. Des usages militaires dans le cadre de la pandémie de Covid-19. En fait, la Direction Générale de l’Armement ou DGA utilise la Syntax pour créer de l’ADN modifié. Pour cela, le ministère a injecté 1,3 million d’euros dans le projet pour mener à bien cette mission.
Le partenariat avec la Darpa et Moderna en Outre-Atlantique, vise a priori à accélérer l’identification d’un génome d’un virus afin de permettre la production de 500 doses de vaccins à ARN, et ce, en 48 heures, en cas de menace biologique.
Une nouvelle levée de fonds pour accélérer la commercialisation de son imprimante enzymatique
Le mardi 26 octobre, la start-up annonce une nouvelle levée de fonds en série C. Une opération qui a permis de collecter un montant total à près de 236 millions d’euros, destiné à la commercialisation de l’imprimante à ADN Syntax. Rappelons que la dernière levée de fonds a permis de lever 46 millions d’euros en juillet 2020. En ce sens, DNA Script souhaite accélérer son expansion et étendre son utilisation pour de nouvelles applications. Parmi ses projets à venir, on distingue la préparation de futurs produits mettant en œuvre la technologie EDS.
Au cours de cette levée de fonds, les représentants de Coatue Management et Catalio Capital Management ont dirigé le tour de table, avec le conseil d’administration de la société. Parmi les nouveaux investisseurs présents lors de la levée, on cite Fidelity Management and Research, Columbia Threadneedle Investissements, Arrowmark Partners, Farallon Capital et Moore Strategic Ventures. Sinon, les investisseurs historiques y étaient également, à savoir Casdin Capital, LSP, Illumina Ventures, Bpifrance, Large Venture Fund, Danaher Life Sciences, Agilent Technologies, M Ventures, Kurma Parteners et Alexandria Venture Investissements. Des partenaires à long terme affichant d’excellentes performances au vu de leurs précédents investissements.
Des soutiens qui joueront en faveur de la visibilité de l’entreprise qui compte à ce jour, 130 salariés dont 70% travaillant en France, et 30% aux Etats-Unis. Dans les mois à venir, elle devra recruter à tour de bras.
La Syntax, un modèle économique
Compte tenu des nombreuses possibilités offertes par la Syntax, celle-ci se présente comme un modèle économique à la Nespresso. Il se trouve que la start-up DNA Script vend à la fois l’appareil et les cartouches d’enzymes permettant d’imprimer. En fait, le dirigeant vante ses mérites comme un modèle économique « proche de celui de Nespresso ». En ce sens, il compte élargir son portefeuille de produits. En ce qui concerne les cartouches « une seule version existe pour l’instant, mais l’idée reste d’en proposer d’autres pour permettre de nouvelles combinaisons et étendre l’utilisation de notre technologie » appuie Thomas Ybert. En effet, le concept est comparable à l’intensité du café où il en existe en plusieurs. En partie, la nouvelle enveloppe de 142 millions d’euros collectée va servir à la série C. Comme quoi, la crise Covid permet de se créer des opportunités pour les plus téméraires.