La Commission européenne a infligé une amende de 570 millions d’euros à Mastercard pour abus de position dominante.
D’autres pratiques de la société émettrice de cartes de crédit sont aussi condamnées dans le jugement.
Une amende de 570 millions d’euros pour Mastercard
L’exécutif communautaire a infligé une amende de 570 millions d’euros pour abus de position dominante à Mastercard. Selon la Commission, la société américaine aurait limité la possibilité pour les opérateurs de bénéficier de meilleures conditions offertes par les banques établies sur le marché unique.
Selon Bruxelles, Mastercard a « augmenté artificiellement les coûts des paiements par carte au détriment des consommateurs et des commerçants européens » et « empêché les commerçants d’accéder aux services de paiement par carte transfrontaliers », violant ainsi les règles relatives à l’abus de position dominante.
Mastercard a coopéré avec la Commission et a donc bénéficié d’une réduction de 10 % sur l’amende.
Violations des règles antitrusts
La sanction contre le deuxième plus grand émetteur de carte de paiement en Europe cible aussi son fonctionnement, qui violerait les règles antitrust en vigueur au sein de l’Union européenne.
Les règles, établies par Mastercard, obligeaient les banques acheteuses à appliquer les frais d’interchange du pays dans lequel le courtier était établi. Avant décembre 2015, moment où les commissions de change sur les cartes de crédit étaient plafonnées, ces droits variaient considérablement d’un pays à l’autre.
En conséquence, les détaillants établis dans des pays où la commission interbancaire était élevée ne pouvaient bénéficier des taux plus bas offerts par d’autres banques situées dans d’autres États européens.
« Les consommateurs européens utilisent les cartes de paiement tous les jours, lorsqu’ils achètent de la nourriture ou des vêtements, ou lorsqu’ils font leurs achats en ligne », a déclaré la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager.
Elle a ajouté : « En empêchant les commerçants de rechercher de meilleures conditions proposées par les banques d’autres États membres, les règles de Mastercard augmentent artificiellement les coûts des paiements par carte, causant des dommages aux consommateurs et aux détaillants de l’Union européenne ».
Réduction de la concurrence transfrontalière
La procédure contre Mastercard ne date pas d’hier. En avril 2013, la Commission a ouvert une enquête formelle contre Mastercard afin de déterminer si ces règles relatives aux « acquisitions transfrontalières » violaient les règles antitrust.
Sa conclusion était que, en raison des règles relatives à l’acquisition transfrontalière de la carte maîtresse, les « détaillants ont payé davantage » pour des services de paiement qui auraient pu leur coûter moins cher en choisissant d’autres méthodes.
Cela a entraîné des hausses de prix pour les détaillants et les consommateurs, une réduction de la concurrence transfrontalière et une segmentation artificielle du marché unique.
La Commission en déduit que Mastercard a empêché les détaillants de percevoir des commissions moins élevées et restreint la concurrence transfrontalière entre banques.
Et c’est précisément cette pratique qui entre en violation des règles européennes en matière d’entente et d’abus de position dominante. La violation a pris fin lorsque Mastercard a modifié les règles en prévision de l’entrée en vigueur du règlement relatif aux commissions d’interchange.
La réaction de la société
La réaction de Mastercard ne s’est pas fait attendre. Après la prononciation du verdict le mardi 22 janvier, la société a répondu par une note indiquant que la démarche européenne mettait fin à une enquête sur les règles d’acquisition de Mastercard au niveau de l’Europe centrale, en vigueur jusqu’en 2015.
Mastercard souligne que la pénalité concerne une période limitée, inférieure à 2 ans, et ne nécessite aucune modification des pratiques commerciales actuelles de la société.
La société américaine considère que l’amende est « cohérente avec le montant précédemment communiqué par Mastercard et qui serait repris au dernier trimestre de 2018.
Pour Mastercard, la clôture de cette affaire constitue une étape importante. Le groupe annonce ainsi son intention de se concentrer davantage sur ce qu’il fait de mieux : développer et fournir des solutions de paiement simples et sécurisées qui génèrent une valeur réelle pour les consommateurs, les clients, les revendeurs et les gouvernements.