« La Chine est de retour » comme diraient les slogans des rivaux américains. Après quelques siècles passés sous les rails, le géant asiatique retrouve la centralité qu’il a toujours eu dans l’histoire jusqu’à la guerre de l’opium (1839 – 42 et 1856 – 60). Elle redevient la grande puissance économique et technologique qu’elle était d’antan.
Cependant, la Chine d’aujourd’hui vise à être quelque chose de très différent de la culture qui, jusqu’au XVIIIe siècle à elle seule, représentait environ un quart de l’économie mondiale. En tant que nation fermée au reste du monde, elle est désormais projetée totalement vers l’extérieur. Et cela en visant à étendre son influence économique et politique non seulement en Afrique, mais aussi en Europe.
La Chine dans le nouveau monde après Covid-19
La nouvelle pandémie de coronavirus a frappé la population mondiale comme un tsunami effrayant. Elle a été capable de produire un choc synchrone de la demande et de l’offre qui a plongé l’économie dans une profonde récession. En Chine, où tout a commencé, des efforts sont faits pour revenir à une forme de normalité, en partie différente de celle qui a précédé la crise. Ayant été le premier pays à entrer dans une situation d’urgence, il est également le premier à en ressortir. Les niveaux de consommation de charbon et de congestion du trafic urbain dans les grandes mégapoles indiquent que l’activité a repris à un rythme presque normal. La rapidité de cette reprise signifie que l’économie risque de subir des dommages structurels moins permanents que dans d’autres pays du monde.
A fortiori, si l’on considère l’ampleur des mesures de relance budgétaire et monétaire mises en place ces derniers mois. D’un point de vue monétaire, notamment, il faut rappeler que la PBoC (Banque Populaire de Chine) s’est comportée différemment des contreparties développées. Au lieu d’étendre le bilan pour lancer des programmes d’achat de titres, la banque centrale a agi directement sur le levier de la liquidité privée. Cela a directement impacté la création de crédit aux entreprises et aux familles, qui ont donc subi une forte poussée ces derniers mois.
Grâce à la structure politique et financière particulière du pays, la PBoC a le pouvoir de gérer les agrégats monétaires à travers le contrôle effectif du financement bancaire à l’économie réelle. L’objectif fixé par son mandat de garantir la stabilité de la monnaie permet un grand développement économique.
Une très grande stabilité financière
Le nouveau monde que Covid-19 nous rendra posera des défis cruciaux pour l’ascension définitive du dragon chinois. Afin d’encourager les programmes d’investissement en infrastructures et technologies susmentionnés, la Chine doit nécessairement ouvrir davantage son système financier. Elle poursuivra la trajectoire déjà engagée ces dernières années. Ce faisant, elle doit veiller à ne pas affecter la domination nationale sur l’immense marché obligataire local, le deuxième plus grand au monde après celui des Etats-Unis. Comme cela se produit sur tous les autres grands marchés obligataires développés (USA, Japon et zone euro), l’ouverture aux investisseurs étrangers ne doit pas affecter la base solide des investisseurs nationaux. C’est un défi qui, en raison de la taille et des caractéristiques intrinsèques du système financier, semble absolument à la portée du Géant asiatique.
En effet, un niveau de dette extérieure très faible permet aux obligations du pays d’avoir une plus grande stabilité que le reste des marchés émergents, plus en phase, avec ce qui se passe dans les économies développées. Pour cette raison, les obligations chinoises se sont avérées être des actifs historiquement défensifs, tant dans la version dollar que dans la version renminbi (classe d’actifs décarrélée avec le reste des marchés financiers). Il n’en va pas de même pour les actions. Elles ont toujours affiché une volatilité plus élevée, en ligne avec celle des autres pays émergents. Cependant, dans le contexte actuel, les actions locales ont montré une certaine résilience. Et cela, c’est grâce au fait que la Chine a été la première nation à sortir de la crise. Un élément qui les rend particulièrement attractifs, compte tenu également des appréciations relativement économiques. En effet, le manque d’expansion du bilan de la PBoC a empêché l’expansion des multiples, observée dans d’autres parties du globe, notamment dans les pays anglo-saxons.
Un faible coût de la main d’œuvre
Un autre nœud crucial pour l’avenir du pays concernera les chaînes d’approvisionnement mondiales. Les tensions commerciales sino-américaines, suivies de la pandémie de Covid-19 ont montré la vulnérabilité de ces chaînes et les risques associés à une dépendance excessive aux chaînes multinationales. Il s’agit d’un facteur qui, jusqu’à il y a quelques années, aurait pu avoir des conséquences négatives importantes pour le pays. Aujourd’hui, cependant, la Chine n’est plus stratégique dans les chaînes de production grâce au faible coût de la main d’œuvre.
Dans le monde moderne, la Chine est cruciale d’avoir accès à l’immense marché asiatique. Grâce à son efficacité logistique et au système de transport le plus avancé au monde, il représente la porte de tout le continent. Elle représente un marché de 4 milliards de personnes avec une moyenne d’âge entre 30 et 35 ans.